Cette lettre mérite d'être citée largement car elle propose des pistes et elle témoigne
que le gouvernement savait depuis trois semaines que s'il restait immobile,
il ne pouvait échapper à une occupation du navire.
Dans ce courrier, adressé dés le 19.07.74 à Jacques Chirac, Marcel Raulin qui,
outre sa fonction récente de responsable du comité de coordination, est également administrateur de la CGM en tant que représentant du personnel navigant subalterne,
exprime les choses de façon fort raisonnable.
" Je m'adresse à vous, M le Premier Ministre pour vous dire combien la décision que
vous avez prise au sujet du paquebot FRANCE a boulversé les membres de l'équipage.
Cette décision, lourde de conséquence risque de peser serieusement sur les autres marins
qui constatent avec effroi que l'hémorragie des licenciements n'est pas terminée.
Vingt milles emplois supprimés en douze ans et une flotte réduite à environ quatre cent quarante navires ; c'est une catastrophe !!!
Sachez que si le FRANCE coûte cher actuellement, les répercussions de votre décision,
telle que la grève générale de la marine marchande, avec occupation du paquebot FRANCE
par son équipage, coûterons encore plus cher à l'Etat.
Depuis la création de la récente Compagnie Générale Maritime, dont les objectifs sont terriblement ambitieux, la direction nous a fait part de l'abandon de la politique des paquebots, que la Transat soutenait depuis plus d'un siècle, afin d'orienter les efforts vers une exploitation plus rentable des navires de charge, pétroliers, minéraliers, etc ...
A partir de ce jour nous savions que FRANCE était menacé...
Pour nous sauver, notre direction générale a constitué un programme d'économie susceptible de réduire le déficit du navire.
Dans le cadre des mesures prises, on trouve la réduction de cent cinquante éléments de l'effectif du bord, une réduction de l'infrastructure terrestre ainsi que la supression de l'escale de Bremerhaven et une réduction de vitesse de 30 à 40 noeuds, en passant à des traversées de six jours au lieu de cinq.
Nous pensons que parmi ces réformes un facteur important n'a pas été suffisamment étudié, c'est le mazout.
Le marché des croisières est valable et nous remplissons souvent au-delà de 100 % en passagers. Pourquoi ne pas chercher une base quelque part en Amérique, où FRANCE rayonnerait pendant huit mois de dans les îles alentour, en faisant des croisières courtes.
Nous aurions alors de la recette, peu de trajet et une grosse économie de mazout puisque le navire marcherait à vitesse réduite. Pour les quatre mois de la belle saison, des petites croisières pourraient s'effectuer dans les pays nordiques, la Norvège par exemple.
D'autre part, pourquoi ne pas pratiquer comme pour le QUEEN-ELISABETH II ?
La Compagnie anglaise a pour chaque navire un compte de perte et profit ,
avec un budget pour chaque voyage que le Commandant discute avec les responsables financiers avant le départ.
Comme vous pouvez le constater, il y a encore des possibilités de sauver le FRANCE
et d'en réduire très sensiblement le déficit.
Par l'arrêt de l'exploitation du paquebot, nous perdons un prestigieux ambassadeur à la mer,
qui rapporte la bagatelle de cinq cent mille francs de devises par jours.
Est-ce que la JEANNE D"ARC a rapporté autant pendant ses tours du monde ?
Ne pensez-vous pas que le paquebot FRANCE mérite le sacrifice que la collectivité accorde,
en subvention, à la JEANNE D'ARC ?
Sur le plan sacrifice, on ne peut rien reprocher aux marins de la marine marchande française qui ont su répondre nombreux à l'appel lancé par le Générale De Gaulle, le 18 juin 1940.
A bord, sur un équipage de mille hommes, trente d'entre nous ont répondu à cet appel et ...
j'ai eu l'honneur d'être de ceux-là..... "
Ce courrier est resté sans réponse !
Paquebot FRANCE
Description :
Le paquebot FRANCE
pour tous ceux qui l'ont
connu, vu, aimé,
pensé, pleuré.
La carrière du plus fameux et du dernier des grands paquebots français est ici racontée par des événements marquants, année par année.
Découvrez , vivez , partagez son histoire, sa vie, son destin au fil des articles.....
Née au Havre pendant ses années de gloire, mon but est de le sauver de l'oubli,
même pour un instant ....
La passion donne
des ailes....
Celles de faire ressusciter une légende en faisant revivre Ex-France pour son ultime voyage vers le rêve..
Sandrine
Son profil
EX-FRANCE53 ans
DOUVAINE 74140 (74)
France
DOUVAINE 74140 (74)
France
Dans un premier temps, face à cet acte de " piraterie ", le gouvernement opte pour le fermeté.
Ce vendredi 13.09.74,
Une réunion des membres de la Compagnie avec le premier Ministre Jacques Chirac se tient
à Paris qui maintiennent la la cessation de l'exploitation du navire, et annonce d'emblée
la supression du dernier voyage prévu et impose un blocus autour du navire.
La fermeté est donc décidée :
Pas de maintien de l'exploitation du navire dans les conditions actuelles ;
Suppression des prochains voyages;
Isolement du navire;
Interdiction pour FRANCE de revenir au HAVRE;
Et dépot de plainte devant les tribunaux maritimes pour mutinerie.
Ce vendredi 13.09.74,
Une réunion des membres de la Compagnie avec le premier Ministre Jacques Chirac se tient
à Paris qui maintiennent la la cessation de l'exploitation du navire, et annonce d'emblée
la supression du dernier voyage prévu et impose un blocus autour du navire.
La fermeté est donc décidée :
Pas de maintien de l'exploitation du navire dans les conditions actuelles ;
Suppression des prochains voyages;
Isolement du navire;
Interdiction pour FRANCE de revenir au HAVRE;
Et dépot de plainte devant les tribunaux maritimes pour mutinerie.
Une fois passés les premiers instants un peu chaotiques de la prise de possession du navire,
la vie à bord s'organise entre gens de bonne compagnie.
Les conditions de cette grève sur le tas font rêver.
On regarde la télévision dans le " Salon Saint-Tropez ", pour la première chaine, et
au " Café Rive Gauche ", pour la deuxième chaîne.
Les réunions importantes se tiennent dans la suptueuse Salle de théâtre.
Les cinémas continuent leur programme réputé pour la qualité et la nouveauté des films projetés.
Le service des repas se poursuit à heures fixes.
La lingerie et le coiffeur maintiennent leurs prestations, ainsi naturellement que le service médical.
Les salle de gymnastique équipés du matériel le plus sophistiqué accueillent ceux qui craignent de s'ankyloser.
Les jours qui suivent sont marqués par les premières fuites des éclopés, des malades ....
Ou de ceux qui renoncent , tel ce jeune garçon de salle à manger qui, en slip, s'est jeté à l'eau par un hublot parce que l'ennui l'a gagné.
la vie à bord s'organise entre gens de bonne compagnie.
Les conditions de cette grève sur le tas font rêver.
On regarde la télévision dans le " Salon Saint-Tropez ", pour la première chaine, et
au " Café Rive Gauche ", pour la deuxième chaîne.
Les réunions importantes se tiennent dans la suptueuse Salle de théâtre.
Les cinémas continuent leur programme réputé pour la qualité et la nouveauté des films projetés.
Le service des repas se poursuit à heures fixes.
La lingerie et le coiffeur maintiennent leurs prestations, ainsi naturellement que le service médical.
Les salle de gymnastique équipés du matériel le plus sophistiqué accueillent ceux qui craignent de s'ankyloser.
Les jours qui suivent sont marqués par les premières fuites des éclopés, des malades ....
Ou de ceux qui renoncent , tel ce jeune garçon de salle à manger qui, en slip, s'est jeté à l'eau par un hublot parce que l'ennui l'a gagné.
( photo : Le Commmandant Pettré observant " son bateau " d'un hélicoptère en 1971 )
Le Commandant Pettré fait contre mauvaise fortune bon coeur .
il a opté pour la stratégie du moindre mal .
Il aurait pu, une fois le navire mouillé, se retirer dans sa cabine.
Il préferera encadrer ce qui peut encore l'être
et éviter les débordements toujours possibles des plus énèrvés, avec l'aide de ses officiers.
Ces derniers expriment clairement leur solidarité au " Pacha " .
Le Commandant Pettré fait contre mauvaise fortune bon coeur .
il a opté pour la stratégie du moindre mal .
Il aurait pu, une fois le navire mouillé, se retirer dans sa cabine.
Il préferera encadrer ce qui peut encore l'être
et éviter les débordements toujours possibles des plus énèrvés, avec l'aide de ses officiers.
Ces derniers expriment clairement leur solidarité au " Pacha " .
Pendant que la vie s'organise à bord, le port du HAVRE s'efforce de limiter au maximum
les inconvénients causés par cet obstacle qui obstrue le chenal.
Les gros petroliers ne peuvent plus passer.
Le pétrolier de 268 000 tonnes Licorne Atlantique est attendu, il convient de lui trouver
une route plus sûre afin qu'un accident de tanker ne s'ajoute pas à la grève de FRANCE.
Le ton du gouvernement se durcit.
Jacques Pélissier, directeur du cabinet de Jacques Chirac, répète que la décision de désarmer
le paquebot est définitive, et exige des sanctions contre les " mutins ".La direction de la Transat, désireuse de calmer le jeu, ne veut entendre parler de mutinerie, acte sévèrement puni par les dispositions du code disciplinaire de la marine marchande, mais estime qu'il sagit
- nuance de conciliation - d'un refus collectif d'obéissance au Commandant en service en mer.
La solidarité des passagers du voyage pertubé n'a duré qu'un temps.
Certains d'entre-eux provoquent un début d'émeute dans l'agence havraise de la transat.
Les véhicukes et les bagageslourds tardent à débarqués.
certains attendent leur voiture, leur caravane pour poursuivre leur voyage.
Les hôtels du HAVRE affichent complet et, bien que des foyers havrais aient accueilli nombre
de passagers désorienté, quarant cinq familles ont passé la première nuit dans la gare maritime
où le personnel, peu habitué à se genre de situation, les a accueillies de façon sommaire.
On se croirait revenu au temps de l'émmigration.
au petit matin, leur ai donné thé, eau chaude, savon ... et un balai pour nettoyer le hall
où ils ont tant bien que mal dormi.
Par ailleurs, d'autres voyageurs en partance, en possession de titres de transport pour New-York, exigent le départ du paquebot. Ces derniers reçoivent des billets d'avion.
Le mécontentement de quelques uns n'empêche pas la solidarité locale de se developper.
Les murs et les vitrines du HAVRE se couvrent d'affiches.
Les Havrais s'agglutinent sur les hauteurs du cap de la hève pour saluer le navire qui arbore chaque nuit ses illuminations de gala.
Embarcations diverses et voiliers sont si nombreux à tourner autour du paquebot en rade
que la direction du port doit prendre la décision d'interdire la navigation aux abords immédiats de FRANCE.
les inconvénients causés par cet obstacle qui obstrue le chenal.
Les gros petroliers ne peuvent plus passer.
Le pétrolier de 268 000 tonnes Licorne Atlantique est attendu, il convient de lui trouver
une route plus sûre afin qu'un accident de tanker ne s'ajoute pas à la grève de FRANCE.
Le ton du gouvernement se durcit.
Jacques Pélissier, directeur du cabinet de Jacques Chirac, répète que la décision de désarmer
le paquebot est définitive, et exige des sanctions contre les " mutins ".La direction de la Transat, désireuse de calmer le jeu, ne veut entendre parler de mutinerie, acte sévèrement puni par les dispositions du code disciplinaire de la marine marchande, mais estime qu'il sagit
- nuance de conciliation - d'un refus collectif d'obéissance au Commandant en service en mer.
La solidarité des passagers du voyage pertubé n'a duré qu'un temps.
Certains d'entre-eux provoquent un début d'émeute dans l'agence havraise de la transat.
Les véhicukes et les bagageslourds tardent à débarqués.
certains attendent leur voiture, leur caravane pour poursuivre leur voyage.
Les hôtels du HAVRE affichent complet et, bien que des foyers havrais aient accueilli nombre
de passagers désorienté, quarant cinq familles ont passé la première nuit dans la gare maritime
où le personnel, peu habitué à se genre de situation, les a accueillies de façon sommaire.
On se croirait revenu au temps de l'émmigration.
au petit matin, leur ai donné thé, eau chaude, savon ... et un balai pour nettoyer le hall
où ils ont tant bien que mal dormi.
Par ailleurs, d'autres voyageurs en partance, en possession de titres de transport pour New-York, exigent le départ du paquebot. Ces derniers reçoivent des billets d'avion.
Le mécontentement de quelques uns n'empêche pas la solidarité locale de se developper.
Les murs et les vitrines du HAVRE se couvrent d'affiches.
Les Havrais s'agglutinent sur les hauteurs du cap de la hève pour saluer le navire qui arbore chaque nuit ses illuminations de gala.
Embarcations diverses et voiliers sont si nombreux à tourner autour du paquebot en rade
que la direction du port doit prendre la décision d'interdire la navigation aux abords immédiats de FRANCE.
Partage